Présentée l’an passé, l’ALFA ROMEO Junior a la lourde mission de remonter les ventes de la marque. Il faut dire que celle-ci ne peut pas être au mieux de sa forme tant sa gamme est réduite. Le séduisant Tonale ne peut plus soutenir seul l’entreprise milanaise, les Giulia et Stelvio étant en fin de carrière. La Junior doit déployer tous ses atouts et tous ses atours pour (re)conquérir les Alfistes et les autres également.
A côté de la plaque ?
Premier « vrai » modèle de la galaxie STELLANTIS, la Junior se distingue de ses consœurs ALFA par l’emplacement de la plaque minéralogique contraint de revenir au centre sous le bouclier, et non plus sur le côté droit. Encore un coup des normes qui empêchent de se démarquer ! Autre spécificité : je n’ai trouvé le nom de la voiture ni à l’extérieur, ni à l’intérieur ! L’inconnue a certes changé de nom au dernier moment mais de là à l’avoir fait disparaître… Heureusement la calandre typique (le fameux « Scudetto ») a été conservée (ouf), et ma finition Premium l’a gratifiée d’un ALFA ROMEO (Leggenda) stylisé à l’image de celui des modèles d’avant-guerre, 2600 en tête. C’est mieux que le logo écorché d’autres versions (affaire de goût). Sinon, le serpent milanais se retrouve sur le montant arrière. Le hayon arbore lui aussi la marque en toutes lettres, c’est désormais l’habitude adoptée par tous les constructeurs, au détriment du logo, afin que le commun des mortels identifie bien la marque.
Eh oui, d’aucuns diront que tous les modèles, surtout quand ils sont SUV, se ressemblent. Et tous les nouveaux entrants chinois ne vont pas aider à s’y retrouver. Notre Junior arbore donc sa marque, 115 ans au compteur, pour rappeler qu’elle est encore vivante. Le design est plutôt avenant avec cette face « bien ALFA » marquée par sa calandre bien sûr, sa prise d’air caractéristique mais aussi par ses optiques diurnes constituées de plusieurs petits segments. Tradition inaugurée par la fantastique 156 et devenue monnaie courante, les poignées des portes arrière sont escamotées. L’arrière assez vertical reprend l’éclairage en plusieurs segments vu à l’avant. Les belles jantes alu « Fori » (dix-huit pouces), elles aussi dans le style ALFA, sont en option (780 €).
A l’attaque
La Junior a la même mission que la MiTo il y a quelques années : remonter les ventes. On reprend la même recette à savoir cibler un modèle de segment B qui doit séduire le plus grand nombre. Evidemment, on attaque avec un SUV puisque c’est l’architecture la plus prisée du moment. STELLANTIS disposant de plateformes et d’organes communs, a passé notre ALFA dans le moule de la rationalisation. Si les dessous sont déjà connus, il faut distinguer la partie visible de ses consœurs PEUGEOT 2008 ou FIAT 600. On l’a vu à l’extérieur, qu’en est-il à l’intérieur ?
La sellerie est toujours estampillée du logo au niveau des appuie-tête et le bloc face au conducteur a bien repris la forme en deux compteurs, caractéristique d’ALFA. Pour le reste, les commandes sont celles de PEUGEOT, à commencer par la console centrale et la commande de boîte auto ou les commodos ou encore l’affichage. Les compteurs à aiguilles ont disparu au profit du tout digital sous la forme des deux compteurs ronds typiques. A noter que les « giri » du compte-tours sont passés en RPM, comme les autres… Les informations sont lisibles avec un rappel de la vitesse entre les deux compteurs. On peut d’ailleurs paramétrer les informations dans cet espace (10,25 pouces au total). La console centrale est dotée d’un écran additionnel de 10,1 pouces pour l’affichage des autres informations (navigations, info divertissement etc). Le maniement est tactile dans la finition Premium. ALFA a néanmoins conservé les touches classiques de climatisation permettant un réglage plus simple et surtout en accès direct. Les autres commandes sont sur le volant (recouvert de cuir).
La sellerie de notre Junior Premium est en tissu et matériau synthétique, plutôt confortable. La finition Premium a doté les sièges avant de réglages électriques, de chauffage et de massage (bienvenu) des lombaires du conducteur. On n’échappe pas à la collection de plastiques durs qui détonnent avec le nom de la finition qui gratifie tout de même d’un pédalier et de seuils de porte en aluminium… L’habitabilité arrière n’est pas des meilleures : la voiture est courte (4,17 mètres). Le volume du coffre est plutôt dans la moyenne (415 litres sous tablette). Notre finition dispose d’un plancher ajustable en hauteur.
A la traque
Signe des temps et surtout pour présenter une offre complète, la gamme Junior est électrique (elettrica) ou hybride (Ibrida), et bien sûr sans Diesel. Nous avons retenu la version Ibrida pour l’essai constitué d’un grand parcours à dominante autoroutière, histoire de sortir notre compacte de la ville. Banque d’organe STELLANTIS oblige (il faut traquer les coûts), pas de « moulin » ALFA, mais le 1,2 litre à trois cylindres PSA de 136 chevaux (qui a le bon goût de rester discret en utilisation) associé à une hybridation légère sous la forme d’un moteur électrique de 28 chevaux conduisant à une puissance cumulée de 145 chevaux.
Dans cette configuration, pas de recharge sur le secteur, c’est en revanche le frein moteur assez surprenant qui fait le job. Cet effet de surprise tant la décélération est importante nous donne l’impression d’être à bord d’une voiture 100% électrique, quasiment équipée du « One Pedal » qui nous économiserait l’utilisation du frein. On n’en est tout de même pas là : il faut garder le pied sur la pédale de gauche pour arrêter la Junior. Pas de pédale d’embrayage, l’ALFA est équipée de la boîte automatique eDCT6 (à triple embrayage). Les passages sont fluides, imperceptibles et si cela ne suffisait pas, les palettes au volant permettent de forcer les rapports. ALFA a maintenu son « DNA » qui traduit les trois modes de conduite en langage propre à la marque avec cette désignation. L’essentiel des parcours préfère le N pour « Normal » caractérisé par l’éclairage zen des compteurs et des buses d’aération en violet. Mais si on veut activer le « Cuore Sportivo » de la Junior, il faut sélectionner le mode Dynamic (teinté de rouge). En restant en mode Normal l’essentiel du temps, en parcours globalement autoroutier, notre ordinateur s’est fixé à 6 l/100 km. On aurait pu espérer mieux.
Si la version 100% électrique a vos faveurs, la Junior dispose d’une batterie de 54 kWh (sous 400 V) qui monte la puissance à 156 chevaux. L’autonomie est donnée autour de 400 kilomètres en parcours mixte (et environ 170 kilomètres supplémentaires en 100% ville). Ces valeurs sont somme toute dans la moyenne du segment.
Du tac au tac
La gamme dispose de cinq niveaux avec la finition Premium au cœur de celle-ci, affichée à 34.500 €. La dotation de série est plutôt riche (même dès le premier niveau à 29.500 €). Le sommet est clairement dédié au sport avec la Veloce. On peut retenir quelques agréments comme le hayon mains-libres, le siège conducteur électrique, chauffant et surtout massant ou encore le volant en cuir multifonction. L’aide au stationnement à 360° avec vue de dessus est une aide précieuse pour compenser la visibilité arrière assez réduite. Dans le même esprit, les feux full LED intelligents se chargent de vous éclairer de façon automatique.
L’info divertissement n’est évidemment pas en reste et répond du tac au tac aux demandes de connexion : Apple Carplay et Android Auto sans fil. La voiture est dotée d’un chargeur à induction pour son smartphone, situé sur la console centrale.
ALFA ROMEO aura bien besoin de son « Quadrifoglio » (trèfle à quatre feuilles) pour que sa Junior redonne de la couleur à ses ventes. Pas simple quand la gamme est très réduite à en quasiment disparaître des radars. Heureusement, l’alternative italienne reste alléchante avec cette Junior au design plutôt réussi et dans la veine de ce que fait le constructeur milanais. La voiture ne manque pas d’arguments à commencer par son rapport prix/équipements bien positionné et une gamme permettant de choisir entre hybride et électrique, calme ou plus « Veloce ».
Ph. NIOLLET (Septembre 2025)







