Chaque constructeur essaye de trouver la meilleure recette pour satisfaire une clientèle toujours plus exigeante. Pour y parvenir ALPINE dispose avec son A110 sortie en 2018 d’un joli joyau dans un écrin particulièrement attirant. Après quatre années de maturité, ALPINE semble avoir trouvé le juste compromis entre l’exclusivité et le quotidien, en tout cas, c’est sans conteste son objectif : bienvenue dans cet essai de l’ALPINE A110 GT pour confirmer que son plus bel atout est la polyvalence.
Prise en main urbaine
Au départ de Boulogne-Billancourt, les premiers kilomètres parisiens s’effectuent naturellement dans les bouchons… Bien calé dans les sièges enveloppants, l’ALPINE fait apprécier sa douceur d’utilisation. Assis très bas, on a littéralement l’impression d’être assis sur la route, la visibilité est mesurée forcément et on profite plus des pots d’échappement de la voiture vous précédant que de la vue sur le trafic. Peu importe, j’en profite pour découvrir l’intérieur cossu de notre véhicule d’essai. On apprécie le petit volant logoté ALPINE, les palettes de changement de vitesses que l’on a déjà hâte de pouvoir utiliser. La casquette du tableau de bord en carbone donne cette touche de modernité au sein d’un intérieur cuir “cacao” qui se marie fort bien avec le gris acier extérieur. Les commandes tombent bien sous la main, il n’y a guère que le commodo d’utilisation de la radio qui dénote quelque peu et qui rappelle celui de notre Super 5 des années 90… ALPINE aurait pu faire un petit effort sur le sujet.
L’instrumentation est elle aussi totalement numérique, ce qui permet de modifier les affichages dès qu’on enclenche le mode sport. Certains, dont je fais partie, aurait peut-être préféré des compteurs plus traditionnels… Dommage que ce ne soit pas une option qui à notre avis aurait rencontré un joli succès.
Un design toujours aussi craquant
Extérieurement, l’A110 est une vraie réussite. Elle a su habilement conserver le style de son aïeule tout en modernisant l’ensemble. Quel que soit l’angle sous lequel vous l’observez, elle saura vous séduire et attirer les regards des amateurs de la marque et des curieux. Elle fait définitivement l’unanimité : bravo aux designers qui ont réussi de tour de force.
Notre version d’essai arbore une teinte de carrosserie Gris Acier Métal et non pas Gris Tonnerre : cette teinte fait partie des propositions de l’Atelier ALPINE. En série limitée à 110 exemplaires, la nôtre affiche sous la console centrale le numéro 42. Une option facturée 5.150 € tout de même mais qui saura certainement trouver tout son sens et sa plus-value à la revente.
Si vous voulez “parfaire” ce look néo retro, nous ne saurions vous conseiller le “pack héritage”, facturé 226 €, avec les deux baguettes de capot qui viennent faire un clin d’œil à la version originelle. Bien vu même si c’est un peu cher quand même.
Autoroute : examen réussi avec mention
Après ces quelques premiers kilomètres encombrés où l’ALPINE a su faire apprécier sa douceur de fonctionnement et surtout sa facilité de conduite, nous voici partis pour un long parcours autoroutier via l’A6 et l’A7 direction Avignon. Les conditions météorologiques n’étant pas particulièrement clémentes avec un fort vent de travers, cela nous a permis de constater que l’A110 est sensible au vent latéral et qu’il convient de rester attentif. Certains préconisent d’ailleurs de revoir le réglage du train avant pour gagner en stabilité. Toujours est-il qu’avec son poids plume de 1.119 kg, cette sensibilité n’est pas surprenante. C’est bien là le seul défaut de ce poids incroyable (moins lourd de 100 kg qu’une Clio) qui comme on le verra est peut-être l’atout principal de cette sportive et à bien des égards.
Le parcours autoroutier se passe sans encombre, le régulateur de vitesse simple fait quand même regretter de ne pas avoir un système asservi à la distance qui permettrait de rouler encore plus sereinement. La consommation demeure très raisonnable avec un petit 8 l/100 km. On ne pourra simplement lui reprocher qu’un bruit ambiant un peu élevé mais qui n’est pas non plus trop fatiguant. Les péages permettent de tester la capacité d’accélération pure de la voiture et donne l’eau à la bouche dans l’attente de pouvoir en découdre sur des routes plus sinueuses.
Enfin un petit col
Après cette journée de transit, il est certain que nous attendons avec impatience de pouvoir en découdre sur un terrain plus en rapport avec la philosophie de la voiture. Nous choisissons pour cela le col de Murs (Vaucluse), une belle montée de 6 kilomètres au milieu d’une forêt de chênes verts avec de nombreux lacets et une circulation très clairsemée sur ce parcours réputé pour les cyclistes. Mécanique à température, mode Sport enclenché, données télémétriques affichés sur la console centrale (en fait, on est tellement concentré sur la route qu’on ne prend pas le temps de consulter les indications), nous voilà lancés à vive allure dans cette montée.
Le centre de gravité très bas associé au poids plume font que l’ALPINE bondit d’un virage à l’autre sans grand transfert de masse et avec une facilité déconcertante. La boîte de vitesses en mode manuel intégral, dénommé “Track”, suit le rythme soutenu et les palettes permettent de conserver le régime moteur parfait pour être toujours dans les tours et conserver une accélération permanente.
Les freins s’avèrent très performants avec une belle accroche et un dosage facile à la pédale… La petite ALPINE freine fort mais sans se bloquer trop vite et dans la descente qui suit, le freinage se montre également très endurant sans signe de faiblesse. On entend aussi clairement le turbo entrer en action, et les pétarades de l’échappement au lever de pédale démontre que le mode Sport se conjugue également sur le plan auditif.
Deux petits bémols à noter cependant mais qui n’entache pas la sensation générale très positive. Un train avant qui pourrait mieux s’inscrire en entrée de virage (là aussi un réglage post usine semble pouvoir corriger ce point) et des palettes un peu courtes en hauteur dont l’accès en cas de fort braquage est mal aisé (là aussi, possibilité en accessoire de monter des palettes plus longues pour corriger le tir).
Finalement, les sensations sont quand même excellentes, ça pousse fort, ça passe partout et vite, ça freine fort… Bref, on prend un grand plaisir à enchaîner les virages serrés et on se prend à rêver d’être le nouveau Jean Ragnotti !
Les fans du kilomètre départ arrêté apprécieront également la fonction “Launch Control” qui permet de réaliser des démarrages sur les chapeaux de roues. Ludique mais sincèrement, pas certain que la mécanique apprécie ce type d’accélération.
Quelques chiffres
Après les sensations, il convient quand même de s’attarder sur quelques chiffres sonnants et trébuchants !
Notre GT dispose donc de 300 chevaux à 6.300 tr/mn délivrés par un quatre cylindres turbo à injection directe. Le 0 à 100 km/h est abattu en 4,2 s. Le couple est de 340 Nm dès 2.400 tr/mn grâce au turbo et contribue très largement à l’agrément de conduite et à la vivacité de l’ensemble. La vitesse maximale est volontairement limitée à 250 km/h.
Le petit réservoir de 45 litres lui confère une autonomie de l’ordre de 450 kilomètres… On aurait apprécié un peu plus d’autonomie mais en même temps, son poids étant très mesuré, on comprend ce choix.
L’ALPINE dispose de deux malles : une à l’avant de 100 litres où vous pourrez loger deux bagages cabine (ALPINE produit également une ligne de bagages spécifiquement adaptée à la configuration du coffre) et un à l’arrière de 96 litres mais donc l’accès et l’utilisation font plus penser à une boîte à gants qu’à un véritable espace de rangement.
Avec 154 g de CO2 par kilomètre, l’Alpine GT s’en sort très bien et n’est finalement que relativement peu impactée par le malus écologique (2.918 €) par rapport à la plupart de ses concurrentes (confère notre récent essai de la HONDA Civic Type R avec plus de 35.000 € de malus).
Côté dimensions, on notera surtout une hauteur de 1,252 m qui garantit un centre de gravité très bas, mais une garde au sol pas trop basse non plus qui ne transforme pas le passage d’un dos-d’âne en une épreuve de franchissement.
Une belle communauté
L’ALPINE ne se contente pas d’être sérieuse et brillante, elle plaît aussi énormément ! Elle bénéficie en outre d’un capital sympathie rare. A en croire le nombre de pouces levés, de petits gestes de la main ou d’appels de phare, l’ALPINE est aussi une belle séductrice. Au contraire de certaines marques ou certains modèles qui attisent plus la jalousie, notre petite A110 séduit tout le monde. Elle dispose aussi d’une belle communauté dynamique prête à organiser des sorties, à délivrer des conseils ou simplement à parler ou échanger sur ses propres expériences. A ce titre, je vous recommande la page Facebook “Fan ALPINE” où vous pourrez bénéficier aussi de conseils avisés sur comment améliorer votre ALPINE pour en faire un joujou encore plus extraordinaire.
Vous l’avez déjà compris, nous avons été conquis par cette ALPINE. Belle, racée, sportive mais aussi polyvalente, elle est le juste compromis pour une utilisation quotidienne tout en permettant quelques belles échappées. Son poids est son meilleur atout car il la rend vive et lui permet aussi de manière plus terre à terre de ne pas être trop impactée par le malus écologie. Reste maintenant à ne pas hésiter trop longtemps pour se porter acquéreur : à partir du 1er juillet ALPINE va subir les quotas européens avec 1.500 voitures à l’année, et on le sait, la fin des moteurs thermiques est aussi annoncée à brève échéance, alors un seul mot d’ordre FONCEZ !
Fabrice DUMAS (avril 2024)