La PEUGEOT 406 commercialisée en octobre 1995 fait suite à la 405. Lors du lancement de cette belle berline deux motorisations essence multisoupapes et deux Diesel turbocompressés étaient proposées, associées à 3 niveaux de finition (SL, ST et SV). En janvier 1996, une version de base avec moteur 1.6l essence est apparue, suivie en juillet par la 2.0l turbo essence. A l’occasion du mondial de l’automobile, on pourra découvrir un beau break et un superbe coupé signé Pininfarina.
La carrosserie de la PEUGEOT 406 est une « trois volumes » avec coffre séparé et sans hayon. Cette carrosserie, fine et racée est agréable à l’œil, quel que soit l’angle sous lequel on la regarde. L’avant est particulièrement réussi, avec de grands phares obliques et un capot plongeant et le profil avec sa ligne « en flèche » reçoit des éléments de protection : un jonc caoutchouté noir ceint totalement la voiture, la protège des légers accrocs et souligne les lignes de la voiture. Les magnifiques jantes en alliage équipées de larges pneumatiques (205/60 R 15 V) parachèvent l’esthétique de la voiture.
L’intérieur est clair, vaste et agréablement présenté et assemblé. La version « SV » essayée voit ses sièges et contre-portes tendus d’un velours du plus bel effet, et le tableau de bord est souligné par un insert façon bois qui court également le long des portes. Petite déception au niveau des cadrans de contrôle : hormis les classiques tachymètre, compte-tours et jauge à carburant seuls un thermomètre de liquide de refroidissement et une jauge à huile sont présents. Sans vouloir une instrumentation digne d’un AIRBUS, quelques indications supplémentaires sur la température et la pression d’huile n’auraient pas été de trop.
L’ergonomie est excellente, toutes les commandes tombent naturellement sous la main. Au chapitre des agréments, signalons la climatisation automatique (série) et les commandes de la radio au volant (option). L’habitabilité est généreuse, tant à l’avant qu’à l’arrière. Quatre adultes sont à l’aise et le passager du milieu, pas trop grand quand même, dispose d’une ceinture trois points, mais pas d’appuis-tête. La capacité du coffre, par contre, n’est que moyenne (430 dm3) et l’ouverture de la malle est étroite. Toutefois, les dossiers de la banquette sont rabattables 1/3 – 2/3, mais pas l’assise et l’accoudoir central cache une trappe à skis. Un désagrément : la roue de secours au fond du coffre est du type « galette », mais une paire de gants fait partie de l’outillage de secours.
Cette version haut de gamme est bien dotée en équipements de confort et de sécurité. Presque tout ce que l’on désire sur une voiture est installé en série. Une petite misère quand même. Pourquoi « l’airbag » passager est-il en option ? C’est regrettable compte tenu du prix (175.200 FF) et du fait que de nombreux autres équipements de sécurité passive sont présents : ceintures avant à prétensionneurs pyrotechniques, trois ceintures trois points aux places arrière, coupure d’alimentation de carburant en cas de choc, sécurité antipincement sur lève-vitre, protections latérales dans les portes… Le « plip » de la télécommande déverrouille les portes et également l’antidémarrage codé. Vous disposez d’une minute pour démarrer, sinon il faut réappuyer sur la télécommande ou composer le code. Compte tenu des multiples possibilités de réglage du siège (hauteur, assiette, inclinaison, appui lombaire) et du volant (hauteur et profondeur), tous les gabarits devraient pouvoir trouver une excellente position de conduite.
Dès les premiers kilomètres, on est très agréablement surpris par le silence et la douceur de fonctionnement de cette belle berline. Le maniement de la boite de vitesses est un régal et la direction à assistance variable en fonction de la vitesse alliant douceur et précision, rendent la conduite en ville souple et agréable. Mais cette routière exprime ses talents ailleurs que dans l’espace restreint des cités. Elle avale les kilomètres d’autoroute dans une ambiance feutrée remarquable due à l’insonorisation et à la climatisation. Le seul problème étant de se limiter à des vitesses acceptables par la maréchaussée.
Sur route, pour peu qu’elle soit sinueuse et accidentée, ses qualités dynamiques éclatent au grand jour. Le moteur est disponible sur une très large plage de régimes et s’il accepte en souplesse les reprises en cinquième (couple de 24,5 mkg à 2500 tr/mn), il fait également preuve d’un tonus étonnant sur les intermédiaires lorsque le turbo gave les cylindres d’essence (150 ch à 5300 tr/mn). On se laisse facilement prendre au jeu, aidé en cela par la tenue de route, assurée par des trains roulants sophistiqués et le freinage à quatre disques et « ABS » qui sont au diapason des performances. Là encore, il faut rester lucide et ne pas se laisser aller à trop d’excès d’autant plus que le silence et le confort étouffe beaucoup la notion de vitesse. La suspension est remarquable d’efficacité en termes de tenue de route sans démériter au niveau du confort, malgré une certaine fermeté à basse vitesse due à une diminution de la flexibilité des ressorts par rapport aux autres versions de la gamme.
Si par le plaisir qu’elle procure, il est difficile de limiter la vivacité de sa conduite, un paramètre peut inciter à lever le pied : à un rythme soutenu, les passages à la pompe arrivent vite eux aussi. Au cours de l’essai, réalisé essentiellement sur route et autoroute, la consommation s’est établie à 10 bons litres au cent kilomètres et la notice fait état de 13,9 litres en ville. Ce n’est pas monstrueux, mais par rapport aux 406 turbo Diesel, certes moins vives mais plus sobres, la note devient vite salée. Le budget est d’ailleurs ce qui risque de freiner l’achat de cette version. Son prix catalogue (175.200 FF) la situe entre les deux versions 1.9 TD (164.800 FF) et 2.1TD (183.900 FF) en finition SV et la version 2.0l SV sans turbo mais avec 16 soupapes (135 ch) est disponible moyennant 168.400 FF. Et quand vous annoncerez à votre assureur que votre nouvelle acquisition peut dépasser 210 km/h attendez vous à un tarif en conséquence !
La PEUGEOT 406 SV 2.0l turbo est une magnifique voiture, très silencieuse, très sûre et avec des qualités dynamiques procurant un grand plaisir de conduite. Mais les limitations de vitesse, quand même nécessaires, et la surtaxation de l’essence par rapport au gasoil, moins justifiée, risquent malheureusement de limiter sa diffusion en France tout au moins. Chez nos voisins d’outre-Rhin, plus libéraux quant à la vitesse sur autoroute et plus réalistes quant à la taxation des carburants, elle a ses chances malgré de féroces concurrentes locales telles les AUDI A4, BMW série 3, MERCEDES classe C…
Daniel DECHENE (septembre 1996)



