LE RETOUR DE LA COLT

Après avoir envisagé d’arrêter ses activités commerciales en Europe, MITSUBISHI a changé de stratégie et a profité de la synergie de l’Alliance RENAULT-NISSAN, dont MITSUBISHI fait partie depuis 2016, pour se relancer sur ce marché. Après avoir renouvelé l’ASX par un clone de RENAULT Captur, c’est au tour de la septième génération de Colt d’être mise sur le devant de la scène, cette fois-ci en rebadgeant la Clio.

Évolution de l’Alliance

L’Alliance RENAULT-NISSAN, telle que définie en 1999 par Louis Schweitzer, s’est arrêtée au 6 novembre 2023. La coopération entre les trois constructeurs continuera au sein d’AMPERE, nouvelle marque de RENAULT consacrée aux véhicules électriques dont NISSAN et MITSUBISHI deviendront actionnaires.

Un diamant à la place du losange

Si en biologie le clonage est parfois hasardeux, en automobile cette solution permet de renouveler les gammes des constructeurs n’ayant pas les ressources financières suffisantes pour investir des sommes importantes dans le développement d’un nouveau modèle. La Colt reprend ainsi intégralement la carrosserie, le châssis et les motorisations (sauf Diesel et GPL) de la Clio V. Quelques détails de présentation, la calandre avec les attributs MITSUBISHI, la marque en grandes lettres sur toute la largeur du hayon et évidement les logos diamants à la place des losanges, permettent de personnaliser la Colt. On retrouve donc la ligne de la RENAULT, sobre et élégante, avec l’inconvénient pour la Colt de passer à côté de l’effet nouveauté, noyée parmi les milliers de Clio.

Intérieur de belle apparence

A l’instar de l’extérieur, l’intérieur de la Clio est intégralement repris sur la Colt et c’est une bonne nouvelle. Les matériaux sont de bonne qualité et leurs assemblages soignés. La présentation de la planche de bord est moderne, avec une tablette tactile de 9,3 pouces (sur Intense et Instyle), une instrumentation numérique sur une dalle de dix pouces (Instyle), et agréable à l’œil et au toucher avec son revêtement moussé. On apprécie également les sièges enveloppants et confortables.

L’habitabilité est dans une honnête moyenne pour la catégorie, toutefois les passagers ont tendance à jouer des coudes à l’avant et la banquette arrière ne reçoit décemment que deux passagers malgré l’homologation en cinq places. Si le volume du coffre est satisfaisant pour les versions à essence, 391 litres, il est sensiblement réduit sur les hybrides, 301 litres ; il a bien fallu mettre la batterie de traction quelque part, sous le coffre, supprimant au passage la roue de secours et réduisant, un peu, la capacité du réservoir de 42 à 39 litres.

La gamme, les prix

Six versions sont proposées pour le lancement en France. Elles se partagent quatre niveaux d’équipement (Invite, Business, Intense, Instyle), deux motorisations à essence et une hybride.

Quel que soit le niveau d’équipement, la seule option possible est la peinture : métallisée (550 €) ou spéciale (750 €). On note qu’aucune version de la Colt n’est pénalisée par un malus CO2.

Le premier niveau Invite, disponible motorisé uniquement par le 1.0 MPI 67, est déjà bien équipé, notamment au niveau sécurité. On note la présence de l’ABS avec aide au freinage d’urgence, de six airbags, du correcteur de trajectoire ESC, de l’aide au démarrage en côte, de l’alerte de survitesse, avec reconnaissance des panneaux, et de changement de file, d’un régulateur et limiteur de vitesse, de l’allumage automatique des feux 100% LED et d’un capteur de pluie. Pour la conduite et le confort, on dispose de la centralisation des ouvrants, des rétroviseurs extérieurs électriques, du siège conducteur réglable en hauteur, de la banquette rabattable 60/40, des vitres avant électriques, de la climatisation manuelle, d’un système audio avec six haut-parleurs et d’un écran tactile sept pouces avec connectivité Android Auto et Apple CarPlay.

La finition Business, disponible pour les particuliers, peut être motorisée par le 1.0 MPI-T 91 et par l’hybride 1.6 MPI HEV 143. Ce niveau dispose d’un équipement intéressant puisque l’on trouve en plus de Invite, la caméra de recul, les jantes en alliage seize pouces, les vitres arrière et la lunette arrière surteintées, la clim’ automatique, l’ouverture des portes et le démarrage sans clé, le chargeur de smartphone par induction, la signature lumineuse à LED verticale et quelques éléments de carrosserie peints plutôt qu’en plastique noir.

Le niveau Intense reçoit en plus de Business le frein de parking électrique, le régulateur de vitesse adaptatif, le système de surveillance d’angle mort, l’antenne aileron de requin, les jantes en alliage bi-ton dix-sept pouces, l’accoudoir central avant, la sellerie TEP et tissu, le volant gainé de TEP, l’écran tactile 9,3 pouces, le système de navigation, la commutation automatique feux de route / feux de croisement.

Le haut de gamme Instyle, réservé à la motorisation 1.6 MPI HEV 143 ajoute l’alerte de circulation transversale arrière, les caméras 360° avec fonction “Easy Park Assist”, les compteurs numériques avec écran couleur personnalisable dix pouces, le système Multi-Sense (choix du mode de conduite et personnalisation de l’affichage), le volant chauffant et gainé de TEP perforé, les sièges avant chauffants et le système audio Bose avec neuf HP.

Au niveau tarif, la Colt (de 18.390 à 29.990 €) se situe dans le haut de la fourchette de la catégorie, notamment les hybrides, en compagnie de la TOYOTA Yaris (de 20.200 à 31.450 € hors sportives 1.6 GR) pourtant plus petite et moins puissante (116 chevaux en hybride). La RENAULT Clio (de 18.500 à 27.400 €) équipée des mêmes motorisations est sensiblement moins chère, la différence pouvant s’expliquer par un équipement inférieur et une garantie de deux ans contre cinq ans pour la Colt. La PEUGEOT 208 (de 18.440 à 27.170 €, hors e-208) est également moins dispendieuse mais moins puissante en hybride (100 et 136 chevaux) et moins bien équipée.

Hybridation sophistiquée

Le système de motorisation hybride de la Colt est identique à celui de la Clio. Il est composé d’un moteur à essence de 94 chevaux, d’un moteur électrique de traction de 49 chevaux, d’un moteur électrique secondaire – un alterno-démarreur de 20 chevaux – et d’une boîte de vitesses multimode à crabots avec quatre rapports pour le thermique et deux pour l’électrique. Cette transmission, pilotée par électronique, ne nécessite ni synchros ni embrayage. C’est l’électronique qui gère l’alterno-démarreur pour qu’il adapte la vitesse de rotation des pignons lors des changements de vitesses afin que les crabots s’engrènent sans grincements de dents.

Le dispositif n’ayant pas d’embrayage, le moteur thermique est éteint à l’arrêt et désaccouplé de la transmission. Le départ est donc systématiquement assuré par le moteur électrique principal et, suivant l’état de charge de la batterie, il peut entraîner la voiture sur quelques kilomètres. La batterie ayant atteint son minimum de charge ou un appel de puissance étant détecté, le moteur électrique secondaire lance le moteur thermique. L’électronique gère ensuite les rapports de la boîte. En cas de forte demande de puissance, le moteur électrique secondaire peut envoyer du couple sur les pignons dédiés au moteur thermique.

Le rechargement de la batterie s’effectue lors des ralentissements et freinages par l’intermédiaire du moteur électrique principal. Si la récupération cinétique est insuffisante, la charge est assurée par le moteur thermique.

En ville avec la Colt hybride 1.6 MPI HEV 143

Nous avons pris en mains la Colt hybride au départ d’Angoulême vers Cognac et retour sur un trajet comportant de la circulation urbaine, des routes secondaires, un peu de voie rapide (110 km/h) mais pas d’autoroute.

Le système hybride de la Colt donne toute sa mesure en ville. Les démarrages se font en silence avec le moteur électrique. Sur route plate, il est possible de parcourir quelques kilomètres en tout électrique, mais dès que la batterie atteint la charge minimale ou qu’il faut accélérer, le moteur thermique démarre, même avec le mode “EV” sélectionné. Si les chiffres d’homologation, 3,7 l/100 km en phase basse vitesse, n’ont pas pu être reproduits, la consommation urbaine a été de l’ordre de 5,0 l/100 km malgré quelques rues pentues dans Angoulême. On apprécie le silence, la douceur de conduite, la fluidité des changements des vitesses et des passages des modes électrique à thermique.

Sur la route

Si la Colt est une citadine efficace, c’est également une excellente routière. La puissance de l’ensemble mécanique permet une conduite coulée avec de vives reprises en cas de besoin. Grâce à une bonne insonorisation, la Colt reste silencieuse aux allures routières, dommage que nous n’ayons pas pu la tester sur autoroute, toutefois cette ambiance feutrée peut être troublée par une montée en régime inopinée du moteur thermique afin de recharger la batterie.

Le fonctionnement de la boîte de vitesses s’accommode bien d’une conduite dynamique, malgré parfois quelques secousses lorsque l’on sollicite la puissance maximale. Il n’y a pas de commandes manuelles pour la boîte de vitesses, seul un mode “B” permet d’accentuer la régénération de la batterie. Ce mode minimise l’utilisation des freins en ville, sans aller jusqu’à l’arrêt, mais ralentit trop la voiture sur route, à mon avis, rendant la conduite plus heurtée.

Au terme du trajet routier sur routes secondaires sinueuses et un peu accidentées, l’ordinateur de bord a indiqué une consommation de 5,1 l/100 km. C’est un bon résultat, mais ce n’est pas mieux, même un peu moins bien, que ma Clio 1.5 dCi 90 descendant régulièrement sous les 5,0 l/100 km sur ce type de parcours. Les performances et le silence de la Colt hybride compensent largement ces quelques décilitres…

L’agrément de conduite de la Colt est également dû à l’efficacité du châssis. La direction est précise, garantissant vivacité en virages et stabilité en courbes et la suspension un peu ferme, sans excès, limite les mouvements de caisse. Malgré quelques trépidations à basse vitesse, accentuées par les jantes de 17 pouces montées avec des pneus à profil bas (205/45 R 17 en finition Instyle), le confort est satisfaisant grâce notamment aux sièges et à la bonne position de conduite. On apprécie également l’ergonomie. Toutes les commandes sont accessibles aisément, sans avoir à passer par l’écran pour changer la température ou sélectionner un mode de conduite, le graphisme de l’écran central est clair, le GPS est réactif et le statut des ADAS, parfois intrusives, est paramétrable et mémorisé.

La MITSUBISHI Colt bénéficie des qualités de sa jumelle, la RENAULT Clio. La version hybride essayée est remarquable d’agrément, de sobriété, de performances, de confort et de sécurité mais elle fait payer cher ses qualités. MITSUBISHI France pense qu’elle séduira environ 2.000 clients par an, attachés à la marque, même si certains pourront lui reprocher de ne pas être une “vraie” MITSUBISHI.

D. DECHENE (7 novembre 2023)