L’équation posée est assez simple, il faut faire baisser les émissions polluantes. Après avoir usé de différents stratagèmes tels que le « downsizing » (on réduit la cylindrée des moteurs) ou l’adoption de filtres à particules, l’hybridation des moteurs est finalement la seule alternative permettant de tenir les engagements pris par l’ensemble de la communauté automobile pour lutter contre la pollution.
Alors que le tout électrique ne nous semble pas encore assez mature (il faudra encore au moins deux ans pour cela en particulier pour avoir un réseau de recharge digne de ce nom), l’hybridation fait une entrée remarquée chez tous les constructeurs. Si chez certains, le mouvement a été anticipé depuis quelques années, d’autres y viennent pour la première fois. C’est pourquoi nous vous proposons aujourd’hui ce comparatif dans le segment très convoité des SUV avec deux pionniers que sont le TOYOTA RAV4 et le MITSUBISHI Outlander, face à l’outsider le HONDA CR-V.
Pourquoi préférer le HONDA CR-V ?
Le CR-V inaugure donc l’hybridation chez HONDA (aux côtés de la Jazz et avant l’arrivée de la très attendue HONDA e tout électrique). C’est au premier coup d’œil que le CR-V prend un avantage certain sur ses deux concurrents du jour. Le HONDA CR-V distille une certaine élégance, en particulier face à la ligne vieillissante de l’Outlander, ou à celle un peu trop tranchée à notre goût du RAV4.
A bord, le charme continue de faire son effet avec un tableau de bord aux lignes douces et agréables, et une finition plus aboutie que celle de ses deux concurrentes. Dans sa version « Executive », le HONDA dispose également d’un équipement particulièrement complet où il est difficile de le prendre en défaut. Il marque en effet des points avec un grand toit ouvrant coulissant ou des sièges arrière chauffants qui feront le bonheur de tous les occupants. Seul le hayon du coffre avec assistance électrique manque à l’appel, là où les deux autres proposent cet équipement finalement bien utile sur ces véhicules dont le hayon se situe assez haut quand il est ouvert. A noter cependant pour les familles que si le CR-V propose sept places en option, le modèle hybride ne peut pas en bénéficier du fait de la présence des batteries.
En termes de configuration, le système se compose d’un moteur 2.0 i-VTEC couplé à une transmission e-CVT, à une batterie lithium-ion et à deux moteurs électriques, le premier servant à la propulsion et le second à la régénération. Au total, le système peut développer jusqu’à 184 chevaux et un couple de 315 Nm. Dans sa configuration hybride, le nouveau CR-V peut être décliné en deux ou quatre roues motrices. La différence entre les deux versions tient à l’ajout d’un arbre de transmission supplémentaire dans la version à transmission intégrale. Notre véhicule d’essai ne disposait que de deux roues motrices, mais c’est bien lui qui affiche le meilleur comportement dynamique avec une très faible prise de roulis. Attention à ne pas vous tromper de cible, car ce SUV appelle à une conduite paisible et placide plus que sportive, ce n’est d’ailleurs la vocation d’aucun des véhicules de ce comparatif.
En termes de puissance le CR-V propose un moteur quatre cylindres de deux litres développant une puissance raisonnable de 145 chevaux, auquel il faut ajouter la puissance du moteur électrique pour disposer de la puissance totale. C’est un peu en retrait par rapport à ses concurrents comme nous pourrons le voir mais ça ne le pénalise pas trop pour autant.
Dernier point très positif pour le CR-V, l’adoption d’un jeu de palettes au volant qui permet, non pas de passer les vitesses puisqu’il est doté d’une boîte CVT, mais bien de jouer sur le niveau de régénération des batteries. Ce système de palettes, très intuitif, permet de régler l’intensité du frein moteur en fonction de son type de conduite. Plutôt ludique, vous apprenez au fil de kilomètres à vous passer de la pédale de frein et à anticiper en toute circonstance, ce qui permet également de maximiser la récupération d’énergie pour recharger plus rapidement la batterie. De quoi privilégier le mode électrique et faire baisser la consommation. C’est clairement un équipement qui colle bien à la philosophie hybride et dont l’Outlander est également pourvu. De façon assez surprenante, le RAV4 n’en est pas équipé et c’est bien dommage.
Côté consommation, notre essai constitué d’un parcours mixte, a permis d’afficher des valeurs très proches des données constructeur avec une moyenne de 5,9 l/100 km ce qui est excellent pour un véhicule de ce gabarit. Le système hybride prend tout son sens en ville où la consommation est vraiment très basse.
Pourquoi préférer le TOYOTA RAV4 ?
Véritable pionnier de l’hybridation avec la célèbre Prius apparue en 1997, TOYOTA a depuis fait bénéficier de l’hybridation à un grand nombre de modèles de sa gamme, dont le RAV4 bien entendu, qui entre pour lui dans sa cinquième génération (la première date de 1994).
Avec cette cinquième génération, TOYOTA affiche la volonté de trancher avec le style paisible et assagie des versions précédentes. Le look est ainsi beaucoup plus agressif et se caractérise par des traits anguleux marqués. Sur notre version d’essai en finition « Collection » (quatrième niveau sur cinq) de couleur blanche et doté de jantes noires, le contraste est saisissant avec les deux concurrentes du jour. Entre nos trois modèles d’essai, chacun pourra ainsi trouver son bonheur.
On se sent tout de suite à son aise à bord du RAV4. Les commandes tombent facilement sous la main, les sièges sont confortables et la finition est sérieuse. L’équipement est très complet avec ce quatrième niveau de finition. Régulateur adaptatif, rétroviseur actif avec détection d’angle mort, maintien dans la file, toutes les aides à la conduite sont bien présentes comme pour nos autres concurrentes d’ailleurs. On regrette seulement l’absence d’un toit ouvrant qui augmente toujours la luminosité à l’intérieur de l’habitacle. L’habitabilité est bonne et TOYOTA a privilégié la capacité de la malle à celle des passagers arrière au contraire de HONDA. Cela laisse ainsi la possibilité aux clients de choisir la meilleure version en fonction de leur priorité.
C’est sur le plan dynamique que les clients trouveront le RAV4 le plus à son avantage. Il est vrai qu’avec sa motorisation thermique de 2,5 litres développant 177 chevaux, TOYOTA y adjoint dans cette version à transmission intégrale, deux motorisations électriques, portant la puissance totale à 222 chevaux. Cela se ressent très nettement en conduite où le RAV4 est le plus à l’aise des trois véhicules essayés.
Sur le plan de la consommation, le TOYOTA est à son aise en ville où le basculement du thermique vers l’électrique est clairement privilégié. La consommation dans cette situation demeure sous les 6 l/100 km. Sur autoroute, on ne dépasse pas non plus les 9 l/100 km même si l’électrique se fait naturellement plus discret.
Trois points moins favorables pour le RAV4 : l’insonorisation insuffisante aurait réellement mérité une plus grande attention car sur certaines accélérations, le moteur thermique est bien trop présent. De même, le RAV4 n’adopte pas le système de palettes au volant, peut-être simplement car son système de régénération est déjà particulièrement efficace ; Enfin, le système multimédia n’est ni compatible Android, ni compatible Apple Car, ce qui est dommageable alors que ses deux concurrents le sont.
Pourquoi préférer le MITSUBISHI Outlander ?
Si ses deux concurrents du jour sont également des modèles hybrides, l’Outlander se distingue par son choix d’opter pour une solution rechargeable et ça change considérablement la donne. Pionnier également sur ce sujet de l’hybride rechargeable, l’Outlander a atteint un bel état de maturité et propose sur le marché un véhicule abouti. Si les entreprises en sont friandes (pas de TVTS, Taxe sur les Véhicules de Tourisme et de Société), les particuliers y trouvent également leur compte grâce à un excellent taux de CO2 à 51 g/km, ce qui le place dans le peloton de tête et bien loin du premier niveau de malus écologique.
Il est vrai que ce SUV dispose de réels arguments et d’un sérieux de fabrication qui prouvent également que ce niveau de vente n’est pas simplement dû à ces prouesses technologiques mais aussi à son agrément global.
Certes, sa ligne un peu désuète le dessert clairement vis-à-vis de ses deux concurrents du jour. Sa finition est également très légèrement en retrait par rapport au CR-V et au RAV4, et trahit son âge puisqu’il est apparu en 2014 sur notre marché. Selon nos informations, il sera remplacé par un nouveau modèle en fin d’année (qui se dénommera peut-être également Outlander mais sans garantie) et proposera encore plus de performances avec une autonomie « tout électrique » plus importante. C’est d’ailleurs bien sur ce point que l’Outlander fait déjà la différence par rapport à ses deux rivaux. Ce mode rechargeable lui permet en effet de parcourir une distance d’environ 45 kilomètres en mode électrique (et ce jusqu’à une vitesse de 135 km/h) avant que le moteur thermique ne s’enclenche. Sur le CR-V et le RAV4, au bout de quelques minutes le thermique prend le relais et l’électrique est là pour assister le mode thermique. A noter également la présence de palettes comme pour le CR-V et qui permettent d’adopter aussi une conduite plus coulée. Sur les grands trajets, il est également possible de donner la priorité à la recharge de la batterie lorsque vous êtes sur autoroute, ce qui vous permet de basculer à votre arrivée en ville en mode électrique, très utile à l’usage.
Avec un système de recharge double, l’Outlander peut être rechargé à domicile sur une prise normale, pendant une durée de 5h30, ou sur une station de recharge rapide où, en 25 minutes, vous aurez atteint 80% de la charge… Si vous roulez souvent en ville sur de petits trajets, il est évidemment la solution idoine avec une consommation nulle ! Sur route et autoroute, au-delà des 45 premiers kilomètres, la consommation s’établit un peu au-dessus de 9 l/100 km. Il est vrai que l’Outlander est lourd et avoisine 1.900 kilogrammes. Sa suspension souple, son silence de fonctionnement – on sent à peine le passage de l’électrique au thermique – rend l’Outlander très agréable en toutes circonstances. Il est vrai que les deux moteurs électriques avant et arrière, développent une puissance respective de 82 et de 95 chevaux avant que le moteur thermique de 135 chevaux ne vienne prendre le relais. Un seul reproche de taille est la capacité de son réservoir qui, avec 45 litres, s’avère clairement insuffisante quand on veut faire de longs trajets.
Comme dans tout comparatif, arrive le moment où il faut faire son choix
Ne comptez pas sur leur tarif pour les départager car dans leur configuration quatre roues motrices ils se tiennent dans un mouchoir de poche. A noter que MITSUBISHI propose une garantie de cinq ans et huit ans pour ses batteries là où ses deux concurrents s’arrêtent à trois ans pour le véhicule et cinq ans pour les batteries.
Ces trois véhicules disposent de fortes qualités et aucun n’est à la peine par rapport aux autres. Mais comme il faut trancher, j’avoue un petit faible pour le MITSUBISHI Outlander et sa technologie d’hybride rechargeable ! Certes sa ligne un peu désuète le dessert un peu et on attend avec impatience celui qui devrait le remplacer en fin d’année. D’ailleurs, l’Outlander a été l’hybride rechargeable le plus vendu en 2019 sur le marché français (près de 3.200 ventes), un joli signe de reconnaissance qui ne doit rien au hasard.
Pour départager le CR-V et le RAV4, cela s’avère plus compliqué tant les véhicules sont proches… Certains se reconnaîtront dans la ligne plus dynamique et plus fluide du CR-V, d’autres apprécieront l’homogénéité d’ensemble du RAV4, les deux ayant un grand besoin d’améliorer leur insonorisation en particulier dans leur utilisation autoroutière, car c’est bien là qu’ils pêchent le plus par rapport à un Outlander bien plus discret.