Faisons un petit saut à la fin des années 80 dans la firme au losange. Les RENAULT 9 et 11 tiraient leur révérence pour faire place à leur remplaçante. Un pari osé pour RENAULT, qui a joué un tour de manche en remplaçant deux voitures par une seule : la RENAULT 19. Ici, c’est une version exotique et particulière que nous examinons : la RENAULT 19 Cabriolet 16 Soupapes, sortie des chaînes en 1991.
Retour du cabriolet chez RENAULT
Un tour de force pour la Régie ! Cette nouvelle RENAULT 19 16S tente une double approche face à sa clientèle. D’abord séduire de nouveau grâce à un cabriolet, rappelons-le, qui avaient disparu de la firme depuis l’authentique Caravelle, en 1968. Il s’agit donc d’une part de reconquérir une clientèle qui s’est passée de cabriolets RENAULT depuis vingt-trois ans, et d’autre part de sortir son épingle du jeu face à PEUGEOT et sa 205 séduisante, déjà bien ancrée sur le marché des cabriolets français sympas.
Ensuite, deuxième tour de manche de RENAULT, faire l’impasse sur toute une génération de moteurs suralimentés (RENAULT 9, RENAULT 11, RENAULT 5…) et étrenner un nouveau système de motorisation multisoupapes dans le cœur de la « 19 16s ». Résultat : 140 chevaux et beaucoup de chatouillements à hauts régimes en prévision.
Niveau design, RENAULT sort de nouveau le grand jeu en s’associant à un célèbre manufacturier allemand, KARMANN. C’est une franche réussite puisque la RENAULT 19 Cabriolet aura son succès outre-Rhin, et s’affublera même d’une qualité de finition « digne des germaniques ». Le travail de KARMANN fait son effet, et le résultat est là : un beau double bosselage que l’on pourrait comparer (à tort ou à raison) à celui des PORSCHE 964 et 930 Speedster, une timide entrée d’air sur le capot, et des boucliers avant et arrière redessinés. Petit coup de cœur pour les jantes Turbine, tout droit sorties de la Clio 16S, et exclusivement réservées à la 19 Cabriolet.
Evolution
La RENAULT 19 16 Soupapes Cabriolet est sortie en 1991, a été restylée en 1992, et vendue jusqu’en 1996 avant l’apparition de sa remplaçante, la Megane. Il convient toutefois de préciser que la R19 est la dernière RENAULT à avoir une appellation chiffrée. Seules les phases 1 bénéficiaient des 140 chevaux ; lorsque les phases 2 furent équipées du non-bienvenu catalyseur en 1993, la puissance passa de 140 à 137 chevaux.
Belle mécanique
Sur notre exemplaire d’essai, le compteur affiche fièrement 112.000 kilomètres, et un état plus que correct pour une auto de vingt-huit ans. La signature KARMANN derrière les vitres a la fâcheuse tendance à jaunir avec le temps, mais on lui pardonnera. A l’intérieur, le cuir a été choisi comme option pour sa configuration de janvier 1992. Il vieillit bien, et est surtout particulièrement confortable. Encore une fois, le standard allemand est atteint. La prise en main du volant à trois-branches gainé de cuir est rassurante et solide.
De l’extérieur, l’auto est saine. On remarque à peine ce petit raccord de peinture manquant sur la malle arrière. La capote est neuve, et s’enlève en jouant de quelques acrobaties et idéalement d’un petit coup de main. Il faut l’avouer, décapotée, la ligne est encore plus séduisante. Il ne reste plus qu’à mettre le contact. Il est à noter que la capote est manuelle ce qui est un gage de longévité.
Au quart de tour, le quatre cylindres s’élance sans difficulté. Passons la première, et affrontons la montée mythique du Ventoux, cadre de notre essai. Temps de chauffe respecté, il est temps de comprendre le potentiel de l’auto. La RENAULT 19 16S a longtemps été louangée pour son châssis taillé à la serpe, mais qu’en est-il de sa version découvrable ?
Premier point, les « anciens » approuveront, une grande plage de 1.000 à 4.000 tours reste creuse, faisant presque regretter ses devancières sous cure de turbo. En revanche, cette plage passée, le 1.754 cm3 envoie ses 16 soupapes à hauts régimes, et le petit cabriolet sympa devient une petite bête enragée, enchaînant les courbes les unes après les autres. Les rétrogradages précoces, associés à la boîte plus courte, permettent de profiter pleinement des 140 chevaux, le tout sous des décibels envoûtants. Nous sentons cependant le travail effectué sur le châssis pour rigidifier le manque de toit, mais malgré ces quelques kilos supplémentaires, c’est tout simplement du « fun » à conduire. Le freinage sans ABS surprend d’efficacité, et ne met pas en danger. Sous les quelques imperfections de la route, les plastiques tapent les uns contre les autres, battant la chamade avec les vitres qui en font de même, nous rappelant que nous sommes dans une RENAULT des années 90.
L’apparition de la neige, notre copilote frigorifiée et l’aiguille d’essence ayant subi la gravité nous rappelle que nous devons faire une petite pause au chalet Reynard, repaire obligatoire pour cyclistes pédalant en Provence. Faisons un débrief.
Trouver une RENAULT 19 16S Cab n’est pas chose aisée. Les phases 1 se font rares, et encore faut-il trouver un exemplaire ayant évité les abysses du tuning. Le kilométrage ne doit pas faire peur, le bloc F7P étant relativement fiable. Inutile de préciser qu’un historique est le bienvenu. Attention toutefois à certains points. La distribution doit être à jour, naturellement, mais pensez également à vérifier la direction. Si celle-ci émet un claquement désagréable (mais pas grave), il s’agit sans doute des coupelles d’amortisseurs, problème récurrent des 19. Pensez également à vérifier l’état de fonctionnement du système de refroidissement. Après un essai « dynamique », restez à l’arrêt moteur tournant. Passé une certaine température, le ventilateur devrait se mettre en route, tellement fort que la vibration se ressent dans le volant et les pédales. Côté carrosserie, vérifiez systématiquement les ailes, grandes amatrices d’oxyde de fer, ainsi que l’alignement des éléments (pouvant trahir un comportement routier quelque peu brut). En d’autres termes, préférez un exemplaire suivi, ayant de préférence couché au garage.
Niveau budget, comptez entre 5.000 et 7.000 € pour un exemplaire propre, de quoi revisiter ses envies de cabriolet allemand pour l’été, à budget réduit… mais attention les prix ne devraient pas tarder à s’envoler.