Super(lative)

AUDI RS e-tron GT S Extended

158.330 €

5/5
Pour
  • On est clairement dans une AUDI “RS”
  • Accélération foudroyante
  • Qualité et matériaux de finition
  • Quel design !
Contre
  • … au détriment d’un gabarit démesuré
  • Freinage lourd
  • Visibilité arrière
  • Piège à points

Appelons cela comme “une entrée en matière” quant à la norme de 2035, à savoir l’arrêt absolu de la vente de tous les véhicules thermiques, au profit des véhicules électriques. Une hypothèse qui peut provoquer des palpitations cardiaques à n’importe quel amateur d’auto, préférant largement le doux glouglou de carburateurs double-corps d’une LAMBORGHINI Miura à celui d’un “bzzz” électrique d’une RENAULT Zoé. Mais, et oui il y a un “mais”, cette AUDI RS e-tron GT dispose d’un pouvoir magique : celui de nous faire douter. Pourquoi ? Il s’agit tout simplement de l’AUDI de série la plus puissante de l’histoire. Une accroche plutôt prometteuse !

AUDI et l’électrique

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’AUDI n’a jamais été la moindre référence dans le monde des véhicules “propres”, puisque le premier modèle full électrique est tout simplement la e-tron Quattro, sorti en 2019…

Mais, il y a quelques années de cela, en 2015, AUDI présente discrètement au salon de Genève un concept-car baptisé “R8 e-tron”. Il ne s’agit ni plus ni moins que de l’AUDI R8, animée par deux moteurs électriques pour une puissance cumulée de 462 chevaux, une valeur tout à fait intéressante en 2021. AUDI la commercialise dès la fin du salon, mais le modèle n’a trouvé que cent preneurs. La cause : une absence quasi totale de communication à ce sujet, mais surtout (surtout…) son prix ! Un million d’euros. Comprenez qu’AUDI a rapidement retiré son R8 e-tron du catalogue. Un futur collector peut-être ?

AUDI renoue donc avec l’électrique en 2020 en dévoilant sa nouvelle e-tron GT, une PORSCHE Taycan rebadgée AUDI selon certains, une toute nouvelle ère pour la marque aux anneaux pour d’autres. S’en suit directement la version sportive de leur dernière-née, celle qui est objet de notre essai : la RS e-tron GT.

Coup de foudre au premier coup d’œil ?

Une pression sur le logo “cadenas déverrouillé” de la télécommande, et c’est toute une cinématique qui se met en marche dans les feux arrière, une sorte de geste de bienvenue. Une ligne épurée et séduisante, voici le premier ressenti, le tout accompagné d’une onde sonore caractéristique des véhicules électriques.

Ce long dessin effilé de 4,99 mètres est signé Marc Lichte, patron du design AUDI depuis 2014, qui considère avec fierté qu’il s’agit de sa plus belle réalisation. Une ligne qui, contrairement aux idées reçues, n’est qu’étroitement liée à celle de la PORSCHE Taycan mais s’inspire majoritairement de celle de l’AUDI RS7. Pour l’anecdote, même si techniquement la RS e-tron GT et la Taycan sont cousines, elles ne partagent qu’une seule et unique pièce en commun : le pare-brise.

Au premier abord, il peut être déstabilisant d’imaginer qu’un véhicule quasi dépourvu de sonorité puisse être performant, mais ce sont les jantes de vingt et un pouces chaussées par des pneus de 305 millimètres, le tout sous des ailes très galbées, qui nous remettent dans le droit chemin. En s’approchant, on note clairement l’esprit RS : rétroviseurs, diffuseur arrière et le toit (culminant à 1,41 mètre) sont faits de carbone. La curiosité monte, il s’agit maintenant de monter (descendre ?) à bord.

A bord de l’Audi RS e-tron GT

La porte dépourvue de montant, le seuil de porte siglé “RS”, le logo “e-tron GT” projeté sur le sol ainsi que la hauteur de caisse très basse nous plongent de nouveau dans l’esprit “RennSport” fidèle à AUDI. Les matériaux nobles sont à l’honneur : carbone, cuir surpiqué et ciel de toit tout en Alcantara, un habitacle qui se rapproche finalement plus de celui de la R8 plutôt que de celui de la RS7 évoquée plus haut.

La voiture est équipée de plusieurs options sans compter toutes les fonctionnalités disponibles. Il y en a beaucoup. Vraiment beaucoup. Cependant, une retient particulièrement notre attention : déverrouiller et faire déplacer la voiture… avec son téléphone. Nous le notons pour plus tard. Appairer son téléphone à la voiture via l’application “myAudi”, permet de donner en temps réel son état de charge, le temps restant pour une charge complète, et même sa localisation.

Les sièges maintiennent parfaitement en place, le volant à méplat en Alcantara est agréable au toucher et les commandes tombent sous la main très naturellement. La prise en main effectuée, il est temps d’évoluer en autonomie avec cette RS e-tron GT. Quelques minutes après son départ suffisent pour s’installer confortablement dans les baquets, et régler à notre guise ce qui sera notre vaisseau spatial pour les prochains jours. Nous en profiterons pour activer d’emblée les sièges ventilés et massants, un beau contraste dans une supercar.

Au volant

Sélecteur sur “D”, l’AUDI RS e-tron se meut dans le silence le plus total, silence encore plus affirmé grâce au double vitrage disponible en option. Avec une conduite plutôt conforme aux réglementations, peu de critères différencient cette RS e-tron de n’importe quelle auto essence à boîte automatique, à savoir un comportement fluide et linéaire, sans à-coups. Certains détails diffèrent, notre consommation moyenne est exprimée en kWh/100km, tandis que le compte-tours fait place à un jauge “Power”, variant selon la pression sur la pédale d’accélérateur.

Le système audio Bang & Olufsen est d’autant plus appréciable dans un tel silence ; finalement on se croirait presque dans une AUDI A8, un environnement associant luxe et volupté. 

Le récent passage aux 30 km/h dans toute la capitale dissuade fortement tout comportement déraisonnable, rendant encore plus frustrant cette attente au feu rouge, face à la longue Avenue de Suffren quasi déserte.

Nous quittons Paris vers les Yvelines, et tombons inévitablement dans les bouchons du périphérique. De quoi nous laisser suffisamment de temps pour passer en revue toutes les fonctionnalités du système MMI, un vrai ordinateur, entouré de carbone bien entendu. Un livre entier ne suffirait pas à expliquer les options et fonctionnalités présentes dans cette RS e-tron GT. Comme dans la quasi-totalité des AUDI récentes, quatre modes de conduite sont disponibles, du plus économique au 100% personnalisable. Chargée à 100% et accouplée au mode “Efficiency”, cette RS e-tron GT nous affiche une autonomie restante de 431 kilomètres, largement suffisante pour notre trajet du jour. A bord, la sensation d’être dans une auto au caractère sportif ne se manifeste plus du tout, seuls les regards interrogatifs de nos voisins de voie et quelques pouces levés nous le rappellent.

Nous nous engageons sur l’A13 puis entrons dans le tunnel Ambroise Paré et son fidèle radar tronçon à 70 km/h, parfait pour essayer le régulateur adaptatif accompagné du Lane Assist (maintien dans la voie). A la sortie du tunnel, personne devant nous : il est temps d’enclencher le mode “Dynamic”. L’autonomie prévue tombe instantanément de 431 à 378 kilomètres. Étrangement, un sentiment d’excitation mêlé à de l’appréhension monte, avant d’écraser l’accélérateur. En trois secondes, nous passons de 70 à 140 km/h. Brutal : c’est le seul mot qui nous vient en tête, le souffle presque coupé, accompagné d’un “wouah” haletant. Cette accélération foudroyante paraît presque surréaliste, d’autant plus lorsqu’elle intervient avec un silence retentissant, et surtout sans aucun temps de latence.

Rappelons quelques chiffres tout de même. Cette AUDI RS e-tron développe 475 kW, soit 646 chevaux, et surtout un couple de 830 Nm disponible immédiatement. Le 0 à 100 km/h est catapulté en 3,3 secondes, et sa vitesse de pointe de 250 km/h est atteinte en seulement seize secondes. Des chiffres particulièrement remarquables pour une auto de 2.300 kg ! En contrepartie naturellement, une conduite sportive fera chuter l’autonomie encore plus rapidement que celle d’une MERCEDES C63 AMG. C’est dire.

Notre trajet effectué, il est temps de se familiariser avec les bornes de recharge. Celle à disposition est une 11 kW. Une fois l’AUDI branchée, notre téléphone indique “1h33 jusqu’au chargement complet”, plutôt correct pour 22 % utilisés sur ce trajet de 33 kilomètres à moitié embouteillé.

Pour sortir la voiture de la place de parking, c’est le moment tant attendu de déplacer la voiture avec son téléphone. Nous filons sur “myAudi” et demandons le contrôle du véhicule par le téléphone. Une pression sur le mode “marche arrière”, et là : les feux arrière se déclenchent, le frein électrique se déverrouille, et l’auto recule, seule ! C’est incroyable. Nous la ramenons vers nous, en profiterons même pour la remercier ironiquement. Nous montons à bord, et rentrons.

Les jours passent, le quotidien embouteillé francilien se concilie parfaitement avec cette RS e-tron GT. Finalement, on s’attache à l’utilisation de l’électrique (ou plutôt à celle-ci en particulier ?). De là à remplacer complètement le thermique, peut-être, mais pas tout de suite. De nombreux progrès doivent encore être réalisés, notamment sur l’autonomie et le temps de recharge.

Acheter une Audi RS e-tron GT

Après cinq jours d’essai et un rituel quasi millimétré de temps passé à la borne de recharge, il est temps de faire le point. C’est une voiture impressionnante avec un design hors normes, et une qualité de fabrication exceptionnelle. Elle pourrait également faire douter les aficionados des véhicules sportifs thermiques tant la soudaineté et les sensations sont intenses.

Cependant, tout cela a un prix. AUDI l’affiche 158.330 €, sans options. Le modèle que nous avons essayé est proposé à 183.225 €. A titre de comparaison, une PORSCHE Taycan Turbo, développant l’équivalent de 680 chevaux, est affichée en prix de base à 156.334 €. Cette différence de prix peut expliquer la présence beaucoup plus affirmée de la Taycan sur nos routes.

N’oublions pas la borne de recharge. Prévoyez-en l’installation, une recharge complète sur une prise secteur classique peut prendre plus de vingt-quatre heures.

Fiche technique

Moteur

Type électrique

Deux moteurs (un par essieu) à aimants synchrones

Transmission

Intégrale quattro – BVA

Puissance électrique

646 ch

Couple électrique

830 N m

Energie

Electrique
Dimensions & Poids

Longueur

4.989 m

Largeur

1.964 m

Hauteur

1.414 m

Poids total

2347 kg
Capacités

Coffre

de 85 à
435 dm³

Nombre de places

5 places
Performances

Vitesse maximale

250 km/h

0 à 100km/h

3.3 s

Autonomie électrique

452 km
Environnement
Consommations

Consommation mixte électrique

21.6 kWh/100km
Garantie
Batterie

Type

Lithium Ion

Voltage

800 V

Capacité

83.7 kWh