Après le choc culturel proposé par RENAULT en 1984 lors de la sortie du premier Espace, on se demande comment le constructeur va pouvoir nous étonner. C’est chose faite, abandonnant le concept du monospace au profit d’un SUV au look raffiné et au comportement digne d’une berline. Certes, on regrette la modularité perdue des sept places historiques mais on se réjouit de sa présentation intérieure et extérieure résolument réussie esthétiquement et ergonomiquement parlant. Le groupe motopropulseur est, semble-t-il, conforme aux attentes du moment, à savoir silencieux et économique, le tout en menant fièrement cet Espace aux proportions généreuses.
La fin du monospace
Ça y est, une page est tournée. Finis les faux airs de camionnette vitrée avec des sièges fixés au plancher. Je suis volontairement sarcastique car cette version de l’Espace en SUV s’embellit autant qu’elle perd en habitabilité et praticité. RENAULT souvent précurseur sur bien des domaines, au point de faire des campagnes de publicité avec son fameux “ça ne marchera jamais !“, adopte l’architecture dans l’ère du temps. Ainsi ce SUV bénéficie de proportions généreuses (grand gabarit) et harmonieuses, offrant ainsi une allure raffinée, sans tomber dans l’ostentatoire. Les grandes jantes remplissent parfaitement les passages de roues noires laquées, la signature visuelle des éclairages renforce la touche luxuriante de cette sixième génération d’Espace.
L’architecture hybride du véhicule et le choix de type SUV contraignent vraisemblablement l’habitabilité, entraînant ainsi la perte de modularité des sièges arrière. Il faudra se contenter de deux petits sièges (certes dissimulables dans le plancher) dans le coffre et d’une banquette arrière sur glissière. Bref, le voyage à sept adultes n’est plus d’actualité dans cette version.
Raffinement et ergonomie intérieure
Toujours dans ma quête de recherche de parenté avec l’Espace de ma jeunesse, je retrouve une planche de bord épurée laissant une belle surface vitrée. Je retrouve également la télécommande du système audio derrière le volant, astucieusement implantée dans toutes les gammes RENAULT depuis les années 90. Passé cet instant nostalgique, je bas le record de connexion de mon smartphone en deux clics et quelques secondes. Bravo RENAULT. L’écran central et l’assistant Google sont très ergonomiques et efficaces. L’accoudoir mobile, qui permet de reposer son poignet à hauteur d’instrumentation est adopté après les premiers tours de roues. La hifi Harman Kardon est très réussie et sonorise ce grand volume intérieur telle une salle de concert. L’affichage tête haute est confortable et complète l’information pourtant déjà bien partagée au compteur.
La sellerie est une invitation aux voyages longues distances dès l’ouverture des portes. En effet, la sellerie façon cuir perforé et fauteuils légèrement baquets sont du plus bel effet. Ce sentiment de confort est confirmé lorsque je découvre les fonctionnalités de massage des sièges avant et le volant chauffant. Le seul bémol à l’intérieur est à porter sur les plastiques durs trop présents et contrastant avec la qualité d’ensemble qui se veut haut de gamme.
L’éclairage de nuit de l’habitacle est lui aussi raffiné, assurant une bonne visibilité des commandes sans tomber dans le syndrome de la boîte de nuit et des éclairages LED flashy.
Un comportement routier transformé
Les ingénieurs RENAULT ont fait fort ! Une auto d’un grand gabarit avec une masse importante, qui plus est, surélevée, on a tous les ingrédients pour se retrouver dans un bateau. Eh bien non, pas du tout, l’Espace est vif, ferme (sans être dur ni inconfortable) et collé à la route. Les masses bien équilibrées et au plus proche du sol ainsi que le système de roues arrière directrices éliminent tout roulis, transfert de masse ou survirage des Espace historiques. Cette recette de châssis apporte un sentiment de sécurité et donc de sérénité à son bord. Que demander de plus pour faire de longs trajets ?
La vie à bord est silencieuse, les bruits de roulements sont bien filtrés. Le groupe motopropulseur est quant à lui plutôt bien insonorisé. Certains diraient “heureusement “, car la mélodie du trois cylindres n’est pas des plus envoûtantes.
Un groupe motopropulseur économique
Vous l’aurez remarqué, je parle de groupe motopropulseur et non pas de moteur à l’ancienne. Non pas que je sois nostalgique du bon vieux 1,9 turbo Diesel de l’Espace 2 qui gagnait à ne pas être entendu, mais plutôt que la gestion de l’hybride casse les codes du moteur / boîte. En effet, la conduite est électrique en ville, le moteur thermique s’invite pour plus de puissance. Sur route, le moteur trois cylindres 1,2 litre apporte la puissance, aidé par l’électrique pour plus de réactivité. Cela peut paraître surprenant, mais l’ordinateur gère très bien cette hybridation sans délai ni aucun à-coup. Laissons le gérer car, en plus, il est très économe : en mode Eco, en ville avec une conduite étiquetée “efficience à 75%” par l’ordinateur de bord (les conducteurs les plus doux seront à 100%), la consommation tombe à 5,4 l/100 km (et 8 l/100 km en mode Sport) malgré une masse de presque 1.800 kilogrammes. Les deux cents chevaux de puissance sont bien là et emmènent de manière surprenante (et agréable) ce grand SUV dont la vitesse est limitée à 175 km/h, ce qui ne pose aucun problème en France.
On se prend au jeu de la conduite en mode Eco : l’Espace conseille les optimisations ; la batterie se recharge à la décélération ; mais surtout la conduite est plus coulée et confortable pour le conducteur et les passagers.
La sixième génération d’Espace séduit par un ensemble esthétique, confort, équipements et raffinement. Les nostalgiques de la modularité intérieure en quête d’un utilitaire pour les travaux du dimanche seront quelque peu désorientés. En ce qui me concerne, l’Espace VI est agréable à regarder et à conduire seul ou en famille nombreuse. Doté d’un équipement très complet (avec les options), il saura se démarquer dans un segment de marché où il conviendra de comparer les tarifs à iso taille et équipements sans oublier la sobriété de consommation.
Matthieu CHAMBERT (Septembre 2023)