MERCEDES garde encore pour quelques temps à son catalogue la Classe A, donc en format « compacte » (version bicorps) et « berline » (tricorps), avant qu’un vent d’optimisation ne vienne les balayer au profit des incontournables versions bodybuildées et typées SUV. Si comme moi ces deux formats vous attirent plus, alors c’est le moment d’adopter la Compacte, modèle en quasi voie d’extinction chez MERCEDES. Bien qu’étant finalement la plus petite de la gamme du géant allemand, elle offre étonnamment beaucoup en termes de place mais elle se paie au prix fort. Alors, est-elle si désirable ?
Plein les yeux
Avantageusement parée du pack AMG Line Premium Plus, facturé pas moins de 5.600 €, notre Classe A en jette, qui plus est dans sa belle livrée noire. Campée sur d’énormes jantes de dix-huit pouces, la ligne est pour le moins agressive, ce que ne tempèrent ni la calandre type « nez de requin » et le spoiler avant, ni les deux bossages de capot. Nous le verrons plus loin, le plumage est largement mieux que le ramage, si l’on ne s’attache qu’au côté sportif de la bête. Mais ne gâchons pas notre plaisir visuel, puisqu’il fait assurément partie du plaisir à rouler avec une automobile. Nous sommes donc en présence d’une voiture stylée, parfaitement dans l’air du temps, et avec un sex-appeal des plus exacerbés. Pas sûr que la débauche de référence sportive convienne à tous, mais dans ce cas, le « retour » à une version moins tape-à-l’œil, en Progressive Line ou Business Line, sans la référence à AMG, pourra à la fois soulager le porte-monnaie mais aussi la rétine et… les lombaires !
A l’intérieur, la griffe AMG est bien présente avec une dominante noire et de superbes sièges « sport » spécifiques comportant des garnitures en aluminium brossé brillant et des surpiqûres rouges, sans oublier leur excellent maintien et une fermeté toute sportive. Encore une fois, si vous êtes plutôt « Pullman », oubliez l’onéreux pack AMG, vous devriez retrouver un peu de moelleux pour accueillir votre séant, mais perdrez le cuir Nappa du volant pour un cuir plus standard, ce qui n’est pas si dramatique que ça. Pour l’ambiance, c’est « Star Wars » : de grands écrans se déploient à la place du traditionnel compteur et de la partie supérieure de la console centrale. Les deux sont configurables à l’envi, avec pour le premier un choix de visualisations traditionnelle, sportive ou minimaliste, et pour le second tout ce que l’on peut imaginer, doublé d’une commande tactile. Ne pas oublier le module « vision tête haute », bien utile pour avoir l’information de la vitesse et surtout de la limitation en vigueur sans avoir à quitter la route des yeux, mais attention, si votre siège est trop bas, vous en perdez sa vue, et pourtant je ne suis pas petit. Tant qu’on est dans le petit, sachez que le pare-brise est bas, ce qui limite la vision vers le haut, et donc il faut se contorsionner pour voir les panneaux ou feux de signalisation… On pourrait être tenté d’actionner l’ouverture du toit ouvrant pour compenser, mais ce n’est pas compatible d’un temps pluvieux. A noter que sa commande manque de finesse pour régler l’ouverture aux petits oignons.
Pour personnaliser un peu l’ambiance et apporter une touche de couleur bienvenue, nous retrouvons le mince bandeau qui parcourt le tour de l’intérieur et qui diffuse la couleur douce que l’on aura choisie. C’est presque un gadget, mais cela donne aussi un peu le ton de l’atmosphère que l’on veut « diffuser ». Dans le genre, la sonorisation est de bonne facture, et il faut noter que le réglage du volume manuel se fait depuis une molette placée sur la console centrale, et point sur l’écran central, lequel est entièrement tactile donc constellé de traces de doigts. Les commandes au volant sont aussi tactiles, et donc avec le doigt qui dérape, j’ai découvert de nouvelles fonctionnalité comme le volume de l’autoradio, lequel est toutefois trop sensible pour être utilisable.
Petite, et grande à la fois, la Classe A donne étonnamment beaucoup de place aux jambes des passagers arrière ainsi qu’aux bagages dans le coffre. Celui-ci n’est vraiment pas ridicule, mais ne comptez pas mettre quoi que ce soit sous le plancher, c’est déjà plein !
Dynamique sans décoiffer
Puisque nous sommes dans une ambiance sportive, le roulage ne dément pas cette impression, puisque le mot « dynamique » vient immédiatement à l’esprit. Chaque appui sur l’accélérateur se traduit immédiatement par un bond en avant, que le châssis ne filtre pas puisqu’il est immédiatement transmis en G dans le siège. Cela sera apprécié des Sébastien Loeb en herbe, sûrement moins des passagers (dont celui de droite qui n’a même pas droit à la poignée de maintien au-dessus de la porte) ou d’un conducteur plutôt placide. On doit vitalité à l’accélération grâce au système électrique de 48 Volts qui ajoute 10 kW de puissance. Donc, évoluer dans le « doux » va demander du talent. Le freinage est lui aussi mordant, et apporte une certaine sérénité à l’usage.
Si le démarrage colle au siège, les sensations s’effacent vite au profit d’un rugissement moteur sans réel effet. Le moteur finit par mouliner et enchaîner les vitesses mais sans procurer le petit plus qui met la banane. On ne peut toutefois pas trop reprocher ce comportement, puisque le moteur est de faible cylindrée et n’est pas taillé pour tomber les chronos. La boîte quant à elle fait un excellent job, changeant les vitesses sans à-coup, et toujours au bon moment, sauf peut-être peut-on lui reprocher un kick-down pas assez rapide. Il faut indiquer que les déplacements de nuit sont facilités par une gestion adaptative des phares, de manière à toujours avoir le maximum de luminosité en tenant compte des situations : cela est particulièrement sécurisant, à la fois pour le conducteur et les autres usagers de la route.
Le châssis encaisse sans broncher la « petite » cavalerie, et l’on sent bien que ses limites sont bien au-delà des capacités de notre moteur du jour. Il est très joueur et en même temps rassurant, donc il permet toutes les partitions ou fantaisies suivant l’humeur du jour. Le moteur a de la place pour respirer sous le capot, ce qui doit grandement faciliter les interventions mécaniques d’entretien. Cette place est assurément nécessaire aux moteurs Diesel, puisque les essences partagent la même cylindrée pour les 200 et 250 mais pas la puissance (163 chevaux pour ces deux autres versions), et également aux versions démoniaques siglées AMG.
C’est donc la dernière chance d’avoir la Classe A dans une version compacte puisqu’elle va tirer sa révérence d’ici peu, mais ce d’une façon plutôt fière et sans rougir. En effet, elle surprend par son habilité, tout autant que par son agilité. Il faudra cependant tirer un trait sur le « grand » confort, puisque l’accent est plutôt mis sur le dynamisme à tous les étages. Il est vrai que traditionnellement le moelleux est plutôt réservé aux « paquebots », donc ce n’est pas vraiment une surprise si cette Classe A devrait toucher un public plutôt jeune. Reste que le tarif n’est pas petit et qu’il réserve cette Classe A à une clientèle aisée soucieuse des apparences.
S. BERGER (Avril 2023)