Quoi de plus adapté pour profiter de la campagne poitevine qu’un SUV de la marque étoilée ? Départ de l’Ile de France avec six personnes à bord. En effet, ce modèle EQB proposé par MERCEDES est adapté aux familles nombreuses et permet aussi de réduire nos émissions carbonées. J’ai le plaisir de partager avec vous cette première expérience d’environ 800 kilomètres en véhicule 100% électrique indissociable des infrastructures permettant sa recharge.
Et si on conservait certains codes esthétiques ?
Au premier regard, j’ai particulièrement apprécié le fait de reconnaître une MERCEDES moderne avec ses codes stylistiques actuels. Parmi eux, une signature optique à la fois raffinée et racée ; les accessoires de la finition AMG Line ainsi que les jantes AMG de dix-neuf pouces apportent une touche de sportivité sans tomber dans la caricature : pour rappel, il s’agit d’un SUV sept places qui n’a pas vocation à brûler de la gomme sur un circuit.
Une calandre pleine noire laquée et l’absence de grille d’aération à l’avant nous indiquent cependant qu’une page se tourne sous le capot. Exit le radiateur pour évacuer les calories non utilisées du bon vieux moteur à combustion interne au rendement aujourd’hui montré du doigt dans les Zones à Faibles Emissions, ZFE. Malgré cette révolution sous le compartiment moteur, i.e. une machinerie électrique, MERCEDES n’a pas succombé à cette approche discutable du cliché de la voiture électrique aux proportions insolites (les goûts et les couleurs…). Je conserve mes repères esthétiques et l’ensemble proposé m’appelle volontiers à découvrir l’intérieur.
Une ambiance dynamique
J’ouvre la porte et découvre, quelques souvenirs du passé avec les ventilations rondes, une planche de bord aux matériaux moussés de qualité, généreusement instrumentée et sobre grâce aux écrans, tactile pour le central. Pour ce qui est de la console centrale, on trouve un compartiment de charge inductive de téléphone, un pad/souris tactile associé à des boutons de raccourcis des fonctions principales : radio, navigation, réglage du comportement routier souhaité….
La dynamique s’installe avec les différents rétro-éclairages, paramétrables pour changer d’ambiance. A la nuit tombée, je comprends la raison de cet habillage pseudo carbone des années 90 (inhabituel dans ce segment premium, qui plus est, siglé AMG) avec l’apparition d’un complément de lumière diffuse et évolutive. La sellerie est cohérente avec la finition AMG Line de ce SUV notamment avec l’association de la microfibre DINAMICA douce au toucher, des bandes en simili cuir ARTICO, rehaussée de coutures rouges. L’assise offre un bon maintien et une position de conduite agréable. A noter que certains de mes passagers (enfants compris) auraient apprécié d’avantage de souplesse dans les sièges…
Une puissance bien maitrisée
Les sièges fermes sont “raccord” avec une auto civilisée mais qui accélère “fort”, merci au couple du moteur électrique et aux quatre roues motrices de cette version 4MATIC. En mode “Eco”, le système bride le véhicule aux limitations de vitesses de la zone traversée, optimisant à la fois la récupération d’énergie, la consommation énergétique et… les points de votre permis de conduire. En mode “Dynamique” (position “Confort” intermédiaire aussi disponible), l’EQB 350 4MATIC vous révèle un tempérament d’auto sportive, qui, j’en suis sûr, surprendra toute la famille. Les suspensions filtrent bien en toutes circonstances. J’ai une fois de plus retrouvé les codes fidèles à MERCEDES que sont le confort et la robustesse. Toutes les fonctionnalités d’aide à la conduite sont rapides à prendre main et gèrent plutôt bien les artéfacts de circulation.
Une gestion énergétique perfectible
L’EQB 350 4MATIC est une auto réussie et agréable au regard des standards de l’automobile depuis des décennies. En revanche, son alimentation et sa gestion énergétique vous propulse trente ans en arrière. En effet, pour rouler 100% électrique en ZFE ou prendre l’air aux proches alentours, c’est l’idéal : silence, confort et zéro émission carbone. A contrario, se rendre en centre France au large des grandes villes impose une certaine organisation et l’allongement significatif des temps de parcours.
En 2022, fini l’insouciance de brancher Waze© après le départ pour optimiser son trajet quand on roule en 100% électrique. Le risque étant tout bonnement de se retrouver immobilisé à un endroit impromptu pendant plusieurs heures. Pour illustrer mon propos, l’autonomie sur autoroute en mode “Eco” chargé de deux adultes et quatre enfants vous accorde environ 200 kilomètres de répit (hors réserve de 50 km). Malheureusement, les bornes de charge dites “rapides” sont peu répandues passé Orléans. Si bien qu’au premier tiers de parcours, le système de gestion de recharge intégré vous arrêtera pour une charge de 40 minutes afin de vous permettre d’arriver à destination. La mauvaise surprise est que vous arriverez à destination sur la réserve (50 km d’autonomie, qui se consomme plus vite que la distance réelle parcourue). Avec cette réserve, impossible de se rendre à un super chargeur, au mieux vous trouverez une borne d’une modeste commune qui chargera votre véhicule pendant huit heures (pour 250 km)… Prévoyez vos courses du petit déjeuner, déjeuner et dîner avant votre départ ou sortez les vélos pour aller au supermarché le plus proche à 15 km de la ferme.
Le retour est finalement l’étape la plus stressante car l’autonomie (100% de charge au départ) ne permet pas d’atteindre Orléans. Enfin le calculateur y croyait fermement mais j’observe rapidement un décalage entre l’autonomie proposée et les kilomètres réellement parcourus. Je suis maintenant à 80 km/h sur l’autoroute, il ne reste plus que 60 km d’autonomie et l’ordinateur de bord ne me propose aucune alternative. Je décide de sortir de l’autoroute et lui demande d’indiquer la borne de charge la plus proche. A la troisième propriété privée (et donc aux portes closes, il est 23 h) proposée par l’assistant de navigation MERCEDES intégré, je commence à imaginer le pire. Je tombe sur une borne municipale (libre… ouf), le logiciel m’invite à patienter 6h50 pour la charge nécessaire pour arriver à destination, il est minuit, le stress monte. Après une heure de charge, je récupère quelques pourcents de batterie et reprends la route en espérant trouver un chargeur rapide… que le système de navigation ne m’a jamais proposé, sauf un, localisé à Vélizy (chez un concurrent de la marque), inatteignable d’après mes corrections d’estimation d’autonomie. J’ai donc visé, via une application tierce (ChargeMap, backup indispensable), un chargeur rapide atteignable, mais malgré la compatibilité de la prise, la recharge n’a pas été acceptée par l’EQB. Heureusement, celle-ci est validée sur la borne voisine… mais à charge lente. Il faut au moins une heure pour récupérer les 100 km d’autonomie qui nous séparent de l’arrivée. Il est 3 h du matin, j’arrive enfin à destination, sur la réserve, 20 km d’autonomie. J’ai mis six heures pour faire 350 kilomètres, sans aucun bouchon et je n’ai pas de quoi repartir au travail dans quelques heures, je prends ma bonne vieille “youngtimer” qui sent l’essence, plus trop à l’aise en ville…
Le “retour vers le futur” s’explique par l’anachronisme entre un véhicule des plus modernes, très agréable, bardé d’assistances pour le confort et la sécurité des passagers opposé à l’époque où l’on devait préparer son voyage en avance : cartes Michelin dépliées, itinéraire au marqueur rouge, pause pour laisser refroidir le moteur, voire même réservation de l’hôtel pour “couper la route”. Je me suis retrouvé dans la peau de Marty McFly qui ne trouve pas de source d’énergie suffisante pour revenir du passé dans sa superbe et moderne DeLorean. Tout cela n’est que temporaire, les algorithmes de navigation embarqués vont progresser, l’implantation de super chargeurs va se multiplier, les autonomies de batteries vont s’accroitre… mais quand ? Pas de panique, MERCEDES propose d’autres motorisations dans ce segment qu’il conviendra à chacun de choisir en fonction de son usage et des infrastructures disponibles.