Pourquoi les riches amateurs d’automobile se mettraient-ils à acheter une voiture électrique ? Pourquoi imaginer électrifier les autos déjà considérées comme les plus confortables et silencieuses du monde comme la MERCEDES Classe S, ou encore pourquoi remplacer tout bonnement une planche de bord par une série d’écrans d’un mètre quarante et un de long ? Pour répondre à ce type de questions qui pourraient paraître assez pragmatiques de prime abord, MERCEDES continue d’électrifier sa gamme en proposant l’EQS, sa limousine électrique, son “FlahGrip” comme disent les jeunes, ou son vaisseau amiral comme disent les moins jeunes. Après avoir pu tester il y a quelques mois la première MERCEDES électrique aboutie qu’est le SUV EQC, nous avons eu la chance de passer une semaine avec l’EQS, véritable Classe S électrique et sans doute la meilleure voiture électrique du monde. Comme le total de l’essai ne dépassait pas 500 kilomètres, j’ai pris le parti de ne tout simplement pas vous parler du sujet le plus barbant du moment lorsqu’on parle d’automobile électrique : la recharge. En effet, avec cette EQS 450+, je n’ai tout simplement jamais eu à passer ni par la case recharge, ni par la case goutte de sueur qui coule sur le front, de peur justement de ne pas pouvoir recharger à temps. MERCEDES met tout le monde d’accord au chapitre de l’autonomie : jusqu’à 784 kilomètres selon le cycle WLTP. En route…
Un design plus efficient que dynamique
Une des clefs de cette autonomie record, outre la taille de sa batterie de de 107,8 kWh, c’est le travail sur l’aérodynamique des ingénieurs de MERCEDES. En effet, les lignes de l’EQS ont été dictées par le coefficient de pénétration dans l’air qui atteint ici un record pour une voiture de série, avec un Cx de 0,20. La conséquence est que l’EQS, à mes yeux, est nettement moins élégante qu’une Classe S. Du long de ses 5,22 mètres, elle ressemble plus à un galet très arrondi qu’à une limousine sculptée. L’arrière a tout de même des airs de PORSCHE Panamera mais avec son capot court et plongeant, ses lignes très rondes, son pare-brise incliné et son hayon à l’arrière, elle apparaît plus statutaire et luxueuse que dynamique. Ses poignées de portes entièrement rétractables qui s’ouvrent automatiquement lorsqu’on s’approche d’elles, terminent la parenté avec la famille des soucoupe volantes. Son design ne pourra clairement pas plaire à tout le monde mais une chose est sûre : elle attise la curiosité des passants puisqu’actuellement elle ne ressemble à aucune autre voiture, enfin avant l’arrivée de sa petite sœur EQE.
Un yacht croisé avec un vaisseau spatial
En pénétrant à bord de l’EQS, difficile de ne pas dire “Waouh” ou bien il faut vraiment être de mauvaise foi. L’Hyperscreen vous en met plein les yeux. La planche de bord est ici remplacée par une dalle géante, qui suit les contours de l’aménagement et s’étend sur 1,41 mètre d’une extrémité à l’autre de l’habitacle. Cette dalle abrite trois écrans (12,3, 17,7, et 12,3 pouces), qui ont chacun leur rôle distinct. Celui de gauche est un excellent combiné d’instruments numériques, très complet, configurable et clair. Celui du milieu est l’écran de contrôle que nous connaissons tous mais en trois fois plus grand, et celui de droite qui adopte la technologie OLED est certes un peu gadget mais permet au passager d’accéder à de nombreuses fonctions et réglages, et permettra également dans un futur proche de regarder un film après y avoir connecté un casque en Bluetooth. L’intérêt de cet écran passager, hormis le deuxième effet waouh semble tout de même assez limité mais, vous savez, quand on ne compte pas, il n’y a pas de prix pour épater les copains. L’option Hypersreen est tout de même facturée 8.500 € sur notre modèle.
Au niveau de la finition que dire. C’est tout simplement parfait. Cuir d’excellente qualité partout, plastiques moussés, aluminium, on est dans le grand luxe. A partir du moment où on jette un œil à autre chose qu’aux écrans, on ne peut être que séduits. C’est tout le savoir-faire de MERCEDES qui s’exprime ici. L’autre savoir-faire du constructeur premium allemand, c’est d’intégrer les dernières technologies dans ses véhicules et particulièrement dans ses hauts de gamme. Avec l’EQS, c’est simple, vous avez ici ce qui se fait de mieux actuellement en termes d’équipements de confort et de sécurité. C’est vraiment la vitrine technologique de la firme à l’étoile. Je vais commencer par le confort. Sièges réglables à l’infini qui d’ailleurs vous proposent un réglage automatique en détectant votre gabarit. Ils sont également chauffants, ventilés, et massants. Mais MERCEDES va plus loin en vous proposant une dizaine de massages différents, chauds, froids, relaxants, revigorants, intégrés à des programme de relaxation qui jouent également sur l’éclairage, les images sur les écrans ou la musique diffusée. Les sièges sont aussi pourvus de petits oreillers sur chaque appui-tête, un régal pour le confort. L’EQS propose également un système de purification d’air et se fait plaisir en vous donnant la différence de qualité de l’air entre l’extérieur et l’intérieur. On est véritablement dans un cocon dans cette EQS.
Côté équipements de sécurité c’est simple : vous trouverez tout ce qui peut se faire actuellement sur le marché. Je ne vais pas faire la liste ici mais toutes les aides à la conduite possibles et imaginables sont incluses. L’EQS a même la certification pour le niveau 3 en termes de conduite autonome mais ce niveau est pour le moment interdit chez nous. Quelques petits gadgets comme la navigation avec réalité augmentée ou la vidéo montrant le feu tricolore devant lequel vous vous arrêtez, viennent parfaire la panoplie d’équipements de cette EQS. Je reviens sur cette dernière nouveauté en tout cas. Vous savez le feu tricolore mal positionné quand vous êtes à l’arrêt et qui vous oblige à vous contorsionner pour guetter le passage au vert. Eh bien, l’EQS le filme et vous le projette automatiquement sur l’écran central. On est sereins, on regarde son écran et on attend le passage au vert avant de repartir, on est bien dans l’EQS. Pour résumer, cet intérieur est magnifique et intègre tout simplement ce qui se fait de plus moderne actuellement.
La définition de la conduite confortable
On est bien dans l’EQS et on est surtout très bien au volant. Tout comme à l’intérieur, elle est bardée de technologie pour vous faciliter la vie. Mention spéciale aux roues arrière directrices (jusqu’à dix degrés de rotation), qui permettent d’avoir une sensation d’agilité incroyable dans les ronds-points ou sur route sinueuse mais aussi de faire demi-tour comme avec une compacte. Mais notons aussi la régénération intelligente au lever de pied, qui anticipe le niveau de ralentissement optimal en fonction de la situation, parfait pour remplir la batterie sans se poser de question. Par contre, en plus des trois modes de conduites influençant le niveau de régénération j’aurais aimé un mode permettant d’aller jusqu’à l’arrêt sans toucher la pédale de frein, ce qui est impossible ici. Autre léger grief, parce qu’il faut quand même en trouver, la pédale de frein ne s’avère pas très rassurante. Elle est très longue sur la grande majorité de sa course, mais surtout sa consistance varie grandement en fonction des demandes en régénération de la batterie. Au-delà de ces points, l’EQS est relativement agile, facile à conduire et est de loin la voiture la plus confortable que je n’ai jamais conduite, tout simplement incroyable. Imaginez une Classe S “full option”, ajoutez-y le silence de l’électrique et vous aurez une idée de ce qu’est l’EQS. En termes de consommations, l’EQS s’est contentée lors de notre essai de 25 kWh/100 km. Remarquable pour un bébé de presque deux tonnes cinq.
Une gamme très haut perchée
Aux côtés de notre EQS 450+, dotée d’une puissance de 333 chevaux sur les seules roues arrière, et annonçant une autonomie maximum de 780 kilomètres en valeur WLTP, et en attendant une version AMG 53 de 762 chevaux, trône la 580 4Matic, dotée d’une machine en plus entre les roues avant. Cette dernière revendique 385 kilowatt, soit l’équivalent de 524 chevaux. Son poids supérieur (2.585 kg) et ses performances canons, avec un 0 à 100 km/h avalé en 4,3 secondes, s’accompagnent d’une autonomie légèrement réduite, à 676 kilomètres. Les tarifs sont évidemment plutôt salés avec une 450+ qui démarre à 127.250 € quand une 580 4Matic vous demande hors option 152.800 €. Alors oui c’est cher, très cher même pour le commun des mortels mais c’est le prix à payer pour s’offrir ce qui se fait de mieux aujourd’hui au niveau technologique sur le marché automobile. Je finirai par vous parler rapidement de l’autonomie constatée en usage réel puisque je fais, comme annoncé, l’impasse sur l’aspect recharge. J’ai donc pu parcourir confortablement 500 kilomètres lors de cet essai, sans aucun effort particulier d’économie d’énergie, hormis une conduite en permanence sur le mode le plus efficace pour la récupération en décélération. Et il me restait encore 100 kilomètres d’autonomie lorsque j’ai rendu ce petit bijou à MERCEDES. Un exploit !
La MERCEDES EQS est donc dans tous les sens du terme une sorte d’OVNI dans le paysage automobile actuel. Si vous avez un compte en banque bien rempli, que ce qui vous attire en premier lieu est le luxe et le confort et qu’en tant que geek dans l’âme le niveau de technologies embarquées est un critère important, ne cherchez plus : Cette EQS est tout simplement la seule automobile qui vous comblera. MERCEDES a su ici démontrer tout son savoir-faire et peut légitimement utiliser cette EQS comme vitrine technologique. Le constructeur allemand prouve qu’une voiture électrique peut atteindre l’excellence dans ce segment des limousines. Rien n’existe de plus confortable et de plus technologique aujourd’hui. Le plaisir de conduire une voiture électrique, et surtout de vivre avec, atteint un niveau incroyable. La sortie prochaine de sa petite sœur EQE réussira peut-être à démocratiser un peu plus tout ça.